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Juanito Doledas / Buenos Aires / 05-07-99




D’après ma grand-mère, je devais le trouver à la Oficina de Archivos de la Ciudad, derrière la plazza Santa Anna. Il était là effectivement, assis dans la cour, près de l’entrée. Très âgé, plutôt gros, la chemise administrative bleu ciel à quatre poches, pas très nette. (Mais j’ai peur de vous ennuyer avec tous ces détails. Soledad insiste pour que je vous les note. Tout de même, je crois que vais abréger.)

Officiellement, monsieur Faldigo est gardien. Officiellement, il est sourd aussi. Je me suis assis à côté de lui, et j’ai parlé, longtemps. Des banalités, du temps qu’il fait, et puis du temps qui passe, ce qui m’a fait un lien avec les vieilles histoires, et donc celle que Soledad vous a racontée.

Bien sûr, il ne disait rien, mais il ne fit pas un geste non plus.
Si, à sept heure moins cinq, quand on est venu fermer la porte, il a rentré sa chaise, difficilement. Je l’ai suivi à travers la cour, jusqu’au bout de la rue, dans un café où il s’est installé au bar, sur un tabouret très large qui lui était manifestement réservé. En habitué, il lui suffisait d’un simple signe pour qu’on lui serve un autre verre de Carifados. Je me suis cru obligé d’en faire autant, tout en parlant encore de cette histoire. J’ai pas l’habitude, je crois que je finissais par dire n’importe quoi, j’ai dû parler de vous aussi. Le barman rigolait. Il s’est levé et a sortit son portefeuille. Croyant qu’il voulait régler, j’ai voulu l’arrêter, mais ce n’était pas son intention. Il m’a tendu ce bout de ruban de film, est parti. J’étais incapable de le suivre.

Ci-joint, le scan des photogrammes fait ce matin (tard).

Ma sœur me presse, dit que c’est urgent.
J’ai fait de mon mieux.
Sincèrement votre,

J.D.